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Attention, aucunes des photos illustrant cet article n'a de rapport avec le dit article |
Depuis le début de
l'année scolaire, je vis ma L3 Arts du Spectacle en Erasmus à
Bristol. Cette année est donc très forte en changement, rencontres
et découvertes, les plus impressionnantes étant sans doute celles
que je fais sur moi-même. J'ai aussi découvert l'Université de
Bristol et sa vie étudiante, bien différentes de ce que je
connaissais à Poitiers, puisqu'il y a une MULTITUDE d'associations
en tout genre et pour tous les goûts. Et bien qu'entre la
QuidditchSociety et la TolkienSociety mon coeur ait balancé, ce sont
vers celles de féminisme et de Pole Dance que je me suis tournée. A
l'époque où j'ai pris cette décision, je vivais encore en auberge
de jeunesse, j'ai donc eu l'occasion de m'enthousiasmer de ces
associations auprès de mes ''collocataires''. Et je me suis vite
rendue compte que ce sentiment n'était pas partagé par la gente
masculine (sauf peut-être concernant la Pole Dance… mais ce n'est
même pas ce qui a le plus marqué les esprits). Pour la première
fois de ma vie, j'ai rencontré des gens et me suis présentée à
eux comme féministe. Ce qui était toujours induit et évident dans
mon cercle d'amis est devenu sujet de conversation et de scepticisme
auprès des hommes que j'ai rencontré à l'auberge de jeunesse. Et
ce, quel que soit leur opinion politique, culture, milieu ; du
polonais libéral et conservateur à l'anglais hippie à débardeur
tie and dye, tous, à des degrés différents, ont considéré que
cette affirmation de ma part était une opposition à leur sexe.
J'ai eu beau leur
expliquer que le féminisme est une volonté d'égalité entre les
sexes, que ce soit dans l'éducation, l'accès à l'emploi, le
salaire, le droit de porter ce que l'on veut sans être rabaissée à
juste une paire de seins, des jambes, des fesses ; j'ai eu beau
leur donner des chiffres (les hommes gagnent toujours environ 23 %
de plus que les femmes, 26 % de femmes à l'Assemblée
Nationale), des exemples précis (l'accueil réservé à Pamela
Anderson, toujours au même endroit), j'ai souvent entendu en réponse
que c'était un problème français, mais que sinon, il n'y avait
plus lieu de défendre les droits des femmes. Hélas pour eux, l'un
de mes cours de cette année (Youth, Sexualities and Gendered
Violence) montre que le problème dépasse nos frontières : les
hommes anglais sont payés en moyenne 19 % de plus que leurs
consœurs, et passent en moyenne 8h aux tâches ménagères par
semaine contre 15h pour les femmes. Alors non, il n'y a pas qu'en
France que les inégalités hommes/femmes sont une réalité, bien
que l'on s'en rende peut être moins compte dans la vie de tous les
jours (le harcèlement de rue, bien qu'existant à Bristol semble
moins fréquent).
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Mais ce sont des photos que j'ai prises et que j'aime bien |
Quant à l'argument
du « il y a des inégalités plus graves à combattre »,
je ne risque certainement pas de le prendre en compte, puisque cela
reviendrait à hiérarchiser les inégalités et en un sens, les
personnes qui en sont victimes. Alors désolée (non), mais je ne
considère pas que les droits des femmes sont moins importants à
défendre que ceux des personnes de couleur ou homosexuelles par
exemple. Et je ne pense pas non plus que je devrais « accepter
le fait qu'il y ait des inégalités », parce que je ne vois
pas pourquoi on s'arrêterait en si bon chemin. En l'espace d'un
siècle, les femmes ont obtenu le droit de voter, d'avoir un compte à
leur nom propre, d'avorter, de se marier avec la personne de leur
choix (y compris une autre femme depuis 2013) et il faudrait qu'on
abandonne maintenant ? Il faudrait qu'on soit contentes de notre
situation alors que le sexisme ordinaire ou encore les inégalités
dans le domaine professionnel sont une réalité dont nous faisons
l'expérience quotidiennement ? Alors même que certains droits
que l'on pensait acquis sont remis en question par des
politicien-nes, qui se vautrent joyeusement dans une fange sexiste ?
Et puis non, le sexisme ordinaire ce n'est pas une invention de
féministes remontées du slip, c'est une réalité qu'il est
difficile à cerner tant elle est banalisée, même par les femmes et
c'est même un concept : Cultural Violence Concept, la
violence culturelle : le fait que la société (et même ses
institutions) banalise une forme de violence genrée. Tiens, lors de
mon premier cours de Youth, Sexualities and Gendered Violence
on a fait un petit jeu marrant (non, toujours pas) : nous avions
sous les yeux des phrases dont il fallait déterminer si elles
avaient été prononcées par un violeur ou si elles étaient issues
de magazines masculins. Eh bien si ça avait été un jeu d'alcool,
j'aurais beaucoup bu, parce qu'hélas, des différences, il n'y en
avait aucune. Et je ne pense pas, contrairement à ce qu'un pote de
l'auberge m'a dit, qu'il y ait besoin d'un contexte pour comprendre
que « A girl may like anal sex because it makes her feel
incredibly naughty and she likes feeling like a dirty slut […] you
can try all sorts of humiliating acts to help live out her filthy
fantasy », c'est une phrase profondément sexiste, une vision
dégradante et dégradée de la femme, issue d'un magazine masculin.
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Bonsoir. |
C'est la première
fois de ma vie que je me rends compte que le féminisme fait peur à
certaines personnes. De ces conversations, je retiens le scepticisme
de ces hommes qui, au mieux m'ont vue comme une utopiste, au pire
comme une castratrice. Beaucoup d'entre eux semblent penser que je
défends les droits des femmes, au détriment des droits des hommes,
comme si l'égalité était impossible. « Et quand une femme
est employée plutôt qu'un homme parce qu'elle porte une jupe, ou
qu'elle est sexy, ce n'est pas juste, non ? » Non,
effectivement ce n'est pas juste. Cet argument, je l'ai entendu
quelques fois, mais c'est pourtant bien un sujet d'entente. Non, une
femme ne devrait pas être employée pour son physique, mais pour ces
qualifications. Donc je suis d'accord, si un homme n'est pas pris
pour un poste parce que l'employeur a choisi une femme pour sa
plastique, c'est injuste. Mais c'est injuste tant pour l'homme, dont
les qualifications ne sont pas reconnues, que pour la femme, qui est
rabaissée à son physique. Cet exemple est frappant, à mon sens :
quand on se bat pour les droits des femmes, on se bat pour les droits
des hommes.
On se bat pour que
l'hétéronormativité de nos sociétés occidentales cesse de peser
sur nos épaules (hommes et femmes confondus), avec son cahier des
charges à remplir pour être parfaitement intégré : que le
genre soit en accord avec le sexe (et que l'on pense que le premier
découle naturellement du second) et que l'orientation sexuelle
poursuive un but de procréation et soit donc hétérosexuelle . Si
en plus on est un homme, blanc, on a tout gagné… Bien que les
premières victimes de cette hétéronormativité soient les
minorités LGBT, les femmes ET les hommes hétéros dont le genre
correspond au sexe en souffrent également : être une femme
impliquerait d'être féminine (Natoo a très bien tourné au
ridicule les conseils premier degré de WikiHow pour être une femme
féminine, conseils qui font froid dans le dos), douce et tendre, à
l'écoute, serviable et avec un instinct maternel si fort que la
vision de chaque enfant donne des envies d'enlèvement (c'est mal).
Être un homme impliquerait à l'inverse d'être fort, virile, d'être
entreprenant (notamment dans la sexualité, la violence au sein des
rapports sexuels a, du moins en partie, une explication culturelle),
de ne pas exprimer ses sentiments s'ils montrent une fragilité ;
bref, des critères que l'on connaît mais qui semblent persistants.
Heureusement, la
prise de conscience du rôle de la société sur la construction des
individus permet aujourd'hui de questionner ce que l'on pense être
naturel : le genre, l'orientation sexuelle, les comportements…
et c'est génial, puisque la compréhension s'accompagne presque
spontanément d'acceptation, donc le fait que la question du genre
soit abordée à l'école devrait permettre aux prochaines
générations d'éviter de considérer comme naturelles des
conceptions qui sont culturelles et réductrices, reposant sur une
volonté d'ordre rassurant (surtout quand les temps vont mal…).
Et quand je pense
que des gens se soulèvent contre cette mesure de l'éducation ou
contre une simple publicité où l'on voit des enfants jouer sans
distinction de genre (ni de couleur!) à des jouets habituellement
perçus comme genrés, ça me hérisse le oilp ! Parce que c'est
bien connu : les féministes sont poilues...
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Un peu comme mes genoux |