jeudi 7 janvier 2016

Lectures de 2016

L'année vient de commencer (comme nous ne sommes pas encore le 15 janvier, j'ai encore le droit de vous souhaiter une bonne année. BONNE ANNÉE !) vous vous demandez sans doute si je ne me suis pas trompée d'un an, si je ne voulais pas faire une rétrospective de mes lectures de 2015. Eh bien non, il s'agit bel et bien de parler des livres que j'ai lu en ce début d'année. Ma consommation en lecture peut sembler gargantuesque (j'écris ces lignes le 3 janvier), mais il s'avère que des insomnies (non, il n'y a aucun rapport avec le fait d'avoir fêter -trop- dignement la nouvelle année, je ne vois pas ce que vous insinuez) m'ont laissé beaucoup de temps pour lire.
Un mal pour un bien, puisque je me suis penchée sur la bibliothèque de la personne qui m'avait laissé son lit pour le réveillon (fêté à Paris, ouiiii!) et qui s'est révélée pleine de très prometteuses surprises, que je n'ai pas hélas toutes eu le temps de découvrir (notamment un livre sur la sexualité et l'enfermement). Je ne parlerai donc que de ce que j'ai lu (ce qui me semble pas mal logique), à savoir un livre de Thomas Guénolé, intitulé Les jeunes de banlieue mangent-t-ils les enfants ? et En guise d'autobiographie de Gandhi. Je suis toujours en train de lire Vivre pour se sentir vivant, d'Albert Bosch.



Les jeunes de banlieue mangent-t-ils les enfants ?, Thomas Guénolé

Il est évident que la lecture du livre de Thomas Guénolé trouve une résonance, voire son origine dans les attentats qui ont ensanglanté 2015, de Charlie Hebdo au Bataclan, en passant par l'Hypercacher. Il ne me semble pas pertinent d'en parler dans cet article, mais si jamais j'arrive à ordonner ma pensée pour faire un article construit, il est certain qu'il viendra trouver sa place sur ce blog.

Fin de la parenthèse, voilà dans un premier temps le résumé que l'on trouve sur la quatrième de couverture:
"Le "jeune-de-banlieue", c'est l'ogre des temps modernes. Arabe mal rasé de 13-30 ans vêtu d'un survêtement à capuche, il se promène avec un cocktail Molotov dans une main et un couteau à cran d'arrêt dans l'autre. Il fume du shit dans les cages d'ascenseur. Il brûle des voitures. Il gagne sa vie grâce à des trafics et en fraudant les allocations sociales. Sa sexualité consiste à violer les filles en bande dans des caves ; sa spiritualité, à écouter les prêches djihadistes de l'"islam-des-banlieues", dans des caves également.

Il hait la France, l'ordre, et bien sûr, il déteste les Français (comprendre : "les Blancs"). Il aime le djihad et l'islamisme. Son rêve : partir en Syrie se battre aux côtés d'Al Qaïda ou de Daech, pour ensuite revenir en France commettre des attentats. Il ne serait donc pas étonnant que les parents disent bientôt à leurs enfants : "Si tu n'es pas sage, le jeune-de-banlieue viendra te chercher." La réalité est moins spectaculaire.

Les jeunes de banlieue sont plus d'1 million : 98 % ne sont ni délinquants ni dans des bandes. L'ascenseur social étant à l'arrêt depuis longtemps, seule une minorité arrive à s'en sortir. Une minorité plus marginale vit de trafics. Une minorité plus marginale encore sombre dans l'intégrisme religieux. Mais pour l'écrasante majorité, la réalité, c'est une galère de jeune pauvre urbain qui vivote entre le chômage, la "débrouille" et les emplois précaires. "


Thomas Guénolé s'applique donc à décrire la "balianophobie" (peur des banlieues donc) qui sévit dans les principaux médias, portée par des "intellectuels contestataires" et autres Alain Finkielkraut et qui est aujourd'hui un mal très répandu en France. Ironique, incisif, soutenu par des chiffres issus d'enquêtes et sondages nationaux et des propos qu'il s'attache à contrer ou soutenir (c'est le cas de Emmanuel Todd, auteur de Qui est Charlie ? Sociologie d'une crise religieuse), le livre déconstruit les mythes entourant les jeunes de banlieue, principalement les jeunes d'origine Arabe et/ou musulmans.

N'ayant eu l'occasion d'ouvrir ce livre que la nuit précédent mon départ, j'ai tâché de le dévorer pour le finir avant de partir. Mission réussie, mais au prix d'une lecture parfois trop rapide à mon sens (la tuile). Ceci dit, je peux vraiment dire que j'ai beaucoup aimé lire cette "étude" (oui je ne sais pas
comment catégoriser ce livre, faites comme si vous n'aviez pas remarquez), qui traite de la création d'un bouc-émissaire, d'un ogre moderne, victime des préjugés et de la précarité. J'ai également apprécié le fait que le livre soit dédié à Zyed Benna et Bouna Traoré, deux jeunes de banlieue morts dans un poste électrique alors qu'ils étaient poursuivis par des policiers, ce qui avait provoqué des émeutes en 2005. Donc je conseille vivement la lecture de ce livre qui déconstruit bon nombre des clichés qui fondent le mythe du "jeune-de-banlieue", bien différent des vrais jeunes de banlieue.



En guise d'autobiographie, Gandhi

«La seule vertu que je veuille revendiquer est la vérité et la non-violence. Je ne prétends à aucun pouvoir surhumain. Je ne saurais qu'en faire. Je suis de chair et de sang comme le plus petit de mes semblables, faible et faillible comme tout autre homme». Dans une langue lumineuse, Gandhi nous raconte les étapes de sa vie et de son cheminement spirituel.

Voilà une lecture plus en demi-teinte que la précédente, pour la simple et bonne raison que je n'apprécie que moyennement de lire toute la vie de quelqu'un, aussi trépidante et pleine de sens soit-elle, je trouve toujours ça longuet. Bon, Gandhi ne me prend pas en traître (toujours honnête le keum), et considère bien en un sens son livre comme une autobiographie. Fort heureusement, sa vie est donc plutôt badass, ses prises de position fortes et révélatrices d'une envie d'être juste et défenseur des opprimés. En Afrique du Sud, pays encore sous gouvernance du Royaume-Unis à son époque, Gandhi a mis ses talents d'avocat au service de la défense des gens de couleur, principalement les Indiens, victimes du régime d'apartheid. De retour en Inde, il s'est appliqué à défendre l'indépendance de son pays, toujours de manière pacifique et non-violente. La non-violence, thème récurrent, mantra qui semble avoir guidé sa vie, est expliquée dans ce livre et je dois dire que c'est une lecture qui fait du bien, parce qu'on a quand même pas à faire à n'importe qui et que sa fin de vie, son rapport à l'humanité est plutôt exemplaire (bon, après il faut savoir qu'il a fait vœu de chasteté dans la deuxième moitié de sa vie, mais chacun son point de vue hein).


Vivre pour se sentir vivant, Albert Bosch




Bon, je m'avance un peu en parlant de ce livre, car à l'heure actuelle je ne l'ai pas fini; mais A PRIORI, je suis pas mal mitigée sur la forme. Qu'un homme ayant accompli ces rêves me dise que ça ne s'est pas fait comme ça, qu'il en a pas mal bavé mais qu'il a finalement parcouru tout le chemin, que c'est long et périlleux, mais qu'il faut se faire confiance, voir chaque petite étape passée comme une grande réussite menant à l'aboutissement du projet final etc; je trouve ça génial. C'est une source d'inspiration, il y a un côté feel good pas dégueulasse, ça donne envie de se bouger. Mais quand c'est fait sur un ton moralisateur, à base de "il faut faire ci, il faut faire ça" (à la fin de chaque chapitre, l'auteur à dressé une sorte de check-list à base de pseudo mantras sur "comment voir la vie pour que ça se passe bien, alors bouge toi un peu les meules enfin, il suffisait juste de penser comme ça blablabla"), là ça me fait tiquer. Hélas, c'est un peu mon impression A L'HEURE ACTUELLE (je ne crie pas hein, j'insiste -lourdement- sur le fait que je n'ai pas fini le bouquin) et du coup ça m'agace. Mais il n'empêche que son aventure force le respect et comme j'aime les quêtes à base de dépassement de soi et de désert de glace, je vais continuer ma lecture !


Voilà donc pour mes lectures de ce début d'année, je dois avouer avoir entamer une lecture parallèle à base d'Harry Potter et la Chambre des Secrets (on ne se refait pas!), dont je ne parlerai pas ;) A bientôt... !

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